Contexte
Dans son précédent rapport « Agriculture : pour une régulation du commerce mondial » de décembre 2005, la Commission Agriculture et Alimentation de Coordination Sud a mis en lumière, à partir de plusieurs études de cas, les nombreux impacts négatifs d’une ouverture excessive et mal régulée des marchés, en particulier sur les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. Un rapport qui souligne la dépendance alimentaire croissante de nombreux pays en développement, lesquels consacrent une proportion importante de leurs budgets à importer de quoi nourrir leur population. Ils négligent ainsi le potentiel de développement de leur propre agriculture, qui s’il était soutenu, permettrait d’améliorer les moyens de subsistance des populations rurales tout en approvisionnant les marchés locaux.
La protection des marchés est aujourd’hui trop souvent présentée comme un instrument de « protectionnisme », de frilosité économique, qui découragerait les exportations, rendrait les producteurs moins efficaces, et qui favoriserait les intérêts « corporatistes » de la profession agricole au détriment de ceux des consommateurs pauvres.
Apport
Coordination SUD a souhaité étudier des exemples récents de protection des marchés pour des produits agricoles spécifiques, afin d’alimenter la réflexion sur la pertinence de préserver cet outil d’intervention publique. Cette étude constitue une étape dans un travail de plus longue haleine que Coordination SUD engage sur les outils de politique agricole nécessaires pour le développement : protection des marchés, régulation des prix, maîtrise
de l’offre...
Contenu}
Ce document est structuré en deux parties :
Une première partie explicite les conditions de résussite des mesures de protection des marchés : mesures de protection utilisées, rôle des producteurs, justification des mesures de protection et leurs impacts.
Ces conditions de réussite des mesures de protection des marchés sont les suivantes :
- le respect des mesures de protection, et en particulier la maîtrise des contrôles aux frontières dans les flux transfrontaliers informels ;
- le mode de commercialisation et notamment le respect de la contractualisation entre commerçants et producteurs lorsqu’elle existe ;
- l’existence d’un potentiel d’augmentation de la production pour couvrir les besoins de consommation ;
- un avantage comparatif par rapport aux importations (qualité, préférences des consommateurs, coûts de production, prix) ;
- des mesures de soutien à la production : crédits pour les intrants, recherche pour l’amélioration des itinéraires techniques, vulgarisation, information sur les prix.
Une deuxième partie présente huit études de cas qui ont servi à identifier les conditions de réussite des mesures de protection des marchés (Cameroun, Guinée, Kenya, Indonésie, Nicaragua, Nigeria, et Union Européenne)